Bandeau
Encyclopédie anarchiste
« La pensée libertaire constitue l’espoir et la chance des derniers hommes libres » Camus
Descriptif du site
Désobéissance civile (I)
Création de l’ Action civique Non-Violente
Article mis en ligne le 11 novembre 2020
dernière modification le 19 novembre 2020
Jo Pyronnet (1927-2010)

À l’automne de l’année 1957 et au printemps 1958, Lanza est à Montpellier pour des conférences. C’est là qu’un professeur de philosophie va découvrir l’Arche et Gandhi, et qu’il entrevoit la possibilité de vivre autrement qu’il ne le fait ; surtout, il prend conscience de l’existence des camps : il s’agit de Joseph Pyronnet, futur puis principal responsable de l’Action civique non-violente. [1]

Des femmes et des hommes

Tout au long de l’action, les femmes auront une place importante dans les prises de décision des hommes.

Elles participèrent ainsi sur un pied d’égalité aux différents combats. L’action des Trente contre les camps (voir plus loin), où il n’y avait que des hommes en première ligne, fut plutôt l’exception. Plus tard, ceux qui refusaient le service militaire étaient, évidemment, des hommes. Cependant, au cours de certaines manifestations, il y eut aussi des femmes qui n’eurent d’autre identité que celle de celui qui se constituait prisonnier. Pour l’ACNV, les problèmes concernaient tout le monde, hommes et femmes, et l’engagement de chacun se faisait en fonction non de son sexe, mais de sa disponibilité et de ses compétences. Dans les différents groupes de soutien locaux, les femmes avaient une place quelquefois prédominante.

Après la tenue du premier camp de la non-violence, début avril 1958, est décidée l’invasion de l’usine de Marcoule (selon Lanza, il s’agissait de « donner un coup de pied dans le cul du diable »).

Jo Pyronnet y fait sa première expérience de l’action non-violente, laquelle va se révéler déterminante.

À partir du 30 juin 1958, dix-huit personnes, à Genève et près de Marcoule, vont jeûner pendant quinze jours. Christiane Pyronnet la catholique y participe aussi et découvre le jeûne et… les protestants. Décembre-janvier 1959, à Grenoble, jeûne et manifestations contre la torture en France. C’est vers cette période que Jo découvre le camp du Larzac, sur un plateau « désert » à 900 mètres d’altitude ; là, sont enfermés des Algériens. Il prépare avec Daniel Wintrebert, membre du groupe de Montpellier, une manifestation pour dire « non aux camps de concentration », alors que toutes les manifestations sont rigoureusement interdites.

Le 28 juin 1959, a lieu le premier engagement devant le camp militaire du Larzac où 5000 Algériens dits « suspects » sont internés après avoir été raflés ou après une sortie de prison. Sept volontaires de l’ACNV demandent alors à être internés comme suspects. L’action se poursuit, en juillet, avec une « lettre ouverte » au ministre de l’Intérieur pour réclamer la suppression de ces camps ou l’internement des volontaires avec les suspects ; neuf jours de jeûne accompagnent ces demandes.

En août 1959, Jo élabore, en accord avec son épouse Christiane, un plan d’action ; il se met en congé, avançant le motif de « convenance personnelle pour étude ». La communauté de l’Arche accueille alors Christiane et leurs quatre enfants. Ainsi, elle fait face, seule, à l’insertion de sa famille dans une collectivité où la plupart des gens sont célibataires. Ce qui l’amènera à dire à Jo : «  C’est toi qui voulais entrer en communauté, c’est moi qui y suis !  » En effet, Jo quitte fréquemment l’Arche pour accompagner Lanza dans ses tournées de conférences et il en profite pour recruter des volontaires en vue d’une manifestation d’une plus grande ampleur. Il s’agissait surtout d’ouvrir l’éventail des futurs engagés, de rencontrer des têtes nouvelles hors de la communauté de l’Arche.

Ils seront trente hommes à suivre une formation, début avril 1960, à Grésieux-la-Varenne. L’engagement est pris de se mobiliser durant au moins deux mois pour une pratique de la désobéissance civile en vue de dénoncer l’existence des camps. Le groupe est très composite. Ils ont de 20 à 64 ans avec, parmi eux, un Algérien musulman, un juif, des chrétiens protestants ou catholiques et des agnostiques.