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Encyclopédie anarchiste
« La pensée libertaire constitue l’espoir et la chance des derniers hommes libres » Camus
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« La ZAD, ça ne se décrit pas, ça se vit »
Serge Aumeunier
Article mis en ligne le 5 février 2021
dernière modification le 5 février 2022

Ainsi, le « label ZAD » est devenu en quelques années une menace pour l’État, une nouvelle forme de lutte, un espoir pour ceux qui tentent de résister aux choix capitalistes, un sujet à la mode pour journalistes et universitaires.

Notre Dame des Luttes

Le pouvoir a longtemps hésité pour savoir quel était le meilleur moment pour envoyer ses meutes gendarmesques éliminer ces « kystes », espérant avoir l’appui de l’opinion publique en présentant les zadistes comme des voyous, violents, asociaux.

Mais tirant les leçons de plus de 10 ans de différentes ZAD, en France et au-delà, il préfère intervenir rapidement pour contrer toute tentative d’installation, quitte à renoncer - au moins provisoirement - à son projet. C’est par exemple le cas en Guyane en 2019 où les opposants ont obtenu l’abandon de « Montagne d’Or », une gigantesque mine d’or à ciel ouvert, quelques mois seulement après avoir menacé : « Nous irons jusqu’au bout. Même s’il faut, pour l’emporter, aller occuper les lieux et y installer une zone à défendre  ».

Effectivement, pour la société dominante le risque existe qu’à partir d’occupations prolongées contre un projet dénoncé comme gâchis environnemental et financier, la rencontre improbable entre opposants locaux (habitants, paysans, membres d’associations) et soutiens venus sur place, le fonctionnement quotidien, hors contrôle étatique et sociétal habituel, transforme les individus et avive leurs espoirs d’une autre société.

La nécessité de mettre en commun entre individus souvent très différents, à travers la recherche nécessaire du consensus pour actions, prises de décision, mise en place de lieux fourmillant d’activités... peut les mener à envisager le dépassement de l’objectif initial d’arrêt d’un des Grands projets inutiles et imposés (aéroports, lignes ferroviaires à grande vitesse, centre de déchets nucléaires...). L’investissement à long terme dans un territoire, son écosystème entre animaux, nature et humains, donne envie à certains d’une transformation radicale de la vie individuelle et collective que le système actuel impose.

Des échanges entre ces diverses expériences existent : par exemple en 2012 s’est tenu à Notre-Dame-des-Landes le « Deuxième forum européen contre les Grands projets inutiles ».

Des zadistes sont conscients des espoirs qu’ils réaniment :

«  La ZAD est un besoin dont nous sommes le symptôme ; c’est un besoin et une envie de sens, de vivre autre chose  »,

« Gardons toujours espoir dans l’inattendu ».

Pour aborder tous ces aspects, deux conditions sont essentielles : suivre les résistances à un projet étatique sur le temps long et tenir compte de l’analyse qu’en font les participants eux-mêmes.

C’est donc la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, « mère de toutes les ZAD », qui fait l’objet de l’essentiel de cet article.

Sont évoquées plusieurs dizaines d’années de son existence, y compris sur les trois années après l’abandon du projet d’aéroport, en janvier 2018.

En plus de la connaissance ancienne de militants paysans et ouvriers de Loire Atlantique, nous avons eu des liens réguliers avec des « occupants » de la ZAD, qui ont pu ainsi intervenir sur les ondes de Radio Libertaire.

Le texte est accompagné de nombreuses illustrations afin de visualiser certaines des réalisations, dans ce bocage qui résiste et expérimente.

La plupart des citations ne comportent pas de signature, car elles expriment la diversité des « Camille » zadistes.

L’article comporte cinq entrées :

Il était une fois dans le « Grand Ouest »
Zone à défendre
Zone d’alternatives en devenir
Zone d’autonomie définitive ?
ZAD partout ?