Le chemin vers la robocratie est celui du contrôle oligarchique des sociétés humaines. Concentration des richesses et des pouvoirs, accompagnée d’une tendance irrépressible à rendre les robots toujours plus autonomes, leur transférer toujours plus de pouvoir.
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Oligarchie illibérales : qu’il soit d’ordre économique, politique ou militaire, les robots augmentent le pouvoir, et selon ses deux dimensions critiques : la concentration et l’efficacité. La concentration favorise la constitution d’oligarchies et l’efficacité leur stabilisation. Qu’ils soient étatiques ou privés, les oligarques veulent ces serviteurs compétents, obéissants et zélés, ils ont besoin d’une robocratie aux ordres qui consolide leur position. Une position que les robots leur raviront peut-être ? La prise de risque en effet est un moteur essentiel du capitalisme ; si l’argent est son sang, le risque est son adrénaline. Capitalistes et chefs d’États pousseront la robocratie jusqu’au bord du point limite.
Notre obéissance : nous obéissons plus volontiers à un robot. les études sociologiques mettent en évidence que nous obéissons plus volontiers à un robot qu’à un humain. Au fondement on trouve le « sentiment » que le robot est objectif et impersonnel ; il ne nous en veut pas personnellement et l’on sait qu’on ne peut le fléchir. Des chercheurs en science sociales travaillent assidûment à identifier les ressorts qui nous feront apprécier la compagnie des robots et consentir à leurs volontés, alternativement perçues comme des désirs à satisfaire ou des ordres incontournables. Nous sommes psychologiquement mal équipés pour résister aux robots, et en particulier les générations qui auront grandi entourés de ces artefacts. Gageons – espérons – toutefois que cela peut changer. L’assaut livré lors de l’insurrection populaire des Gilets Jaunes en 2019 contre les 3200 robots-policiers délateurs de bord de route est un signe extrêmement positif. En à peine deux mois, près des deux-tiers d’entre eux furent mis hors d’état de nuire !
Leur dérive : toujours plus d’autonomie : plus un robot est autonome, plus il est efficace ; il peut ainsi gérer l’évolution du contexte dans lequel les problèmes doivent être résolus, ou encore la modification parfois imprévisible de la définition même de ses objectifs. Pour être créatif et servir au mieux ses propriétaires, il lui faut disposer de marges de manœuvre, d’autonomie. Chercheurs et ingénieurs travaillent ainsi à étendre l’autonomie des robots, selon cinq dimensions : énergétique, décisionnelle, communicationnelle, organisationnelle et performative. L’autonomie énergétique permet de poursuivre la mission sans jamais s’arrêter, l’autonomie décisionnelle d’appliquer une forme de créativité à la résolution des problèmes, l’autonomie communicationnelle et organisationnelle de mobiliser et organiser autant que de besoin d’autres robots et artefacts dont les compétences ou la localisation sont nécessaires, enfin l’autonomie performative permet d’agir immédiatement, en mode réflexe, sans attendre la validation par un humain ; un être particulièrement lent et souvent confus, comparé aux robots. Cette dernière forme d’autonomie est nécessaire aux robots impliqués dans des compétitions, comme par exemple les robots-traders ou les robots-soldats. Il leur est critique – parfois vital – de décider et agir le premier.