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Encyclopédie anarchiste
« La pensée libertaire constitue l’espoir et la chance des derniers hommes libres » Camus
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Les rapports capitalistes de production
Alain Bihr
Article mis en ligne le 3 novembre 2021
dernière modification le 23 octobre 2021

Les rapports capitalistes de production présentent quelques profondes originalités qui introduisent une discontinuité dans le cours de l’histoire des sociétés humaines. L’analyse classique en a été développé par Marx, notamment dans Le Capital. Parmi elles, il faut compter notamment :

L’expropriation des producteurs. Dans tous les rapports précapitalistes de production, les producteurs étaient unis (librement ou de manière contrainte) à leurs moyens de production. Dans les rapports capitalistes de production, les producteurs sont au contraire des « travailleurs libres » : libérés à la fois de tout lien de dépendance communautaire ou personnel mais aussi de tout moyen de production propre qu’ils puissent mettre en œuvre immédiatement par eux-mêmes.

La transformation de la force de travail en marchandise. Ces « travailleurs libres » sont transformés en autant de propriétaires privés (dont la propriété est primitivement réduite à leur seule force de travail) et en « entrepreneurs de soi » (tenus de et incités à valoriser tout leur potentiel de capacités sur le marché). A ce titre, ils ne peuvent assurer leur propre reproduction que par l’intermédiaire de la vente de leur force de travail contre un salaire puis de l’échange de ce dernier contre leurs moyens de production figurant eux-mêmes comme marchandises.

L’appropriation privative des moyens sociaux de production sous forme de marchandises. Les moyens sociaux de production font l’objet d’une appropriation privative (ils deviennent la propriété privée d’individus ou de groupes d’individus). Cette appropriation a lieu par l’intermédiaire de leur marchandisation généralisée. Il en résulte une fragmentation (parcellisation) du procès social de production en une myriade de procès de production privés, entrepris et développés indépendamment les uns des autres, voire concurremment les uns des autres, soit le développement de la division marchande du travail social.

La généralisation de la forme valeur du travail social. Les travaux privés ne peuvent plus réaliser et manifester leur caractère social (le fait qu’ils sont tous des moments du procès social de production) que par les échanges marchands de leurs produits, qui présentent ainsi tous une double face (valeur d’usage et valeur d’échange). Leur caractère social se réalise et se manifeste sous la forme fétiche de la valeur de leurs produits. Tous les produits du travail social et toutes ses conditions, tant subjectives (forces de travail) qu’objectives (moyens de production), prennent la forme de marchandises. Tout devient marchandise, tout se vend et s’achète, tout acquiert un prix (même sans avoir de valeur). L’argent domine tout.

La formation de plus-value par appropriation du procès de travail par le capital permettant l’exploitation de la force de travail. Propriétaire des moyens de production et de l’usage de la force de travail, le capital l’est aussi du résultat de leur combinaison productive, son produit-marchandise. L’usage capitaliste de la force de travail (la durée du procès de travail, son intensité et sa productivité) engendre plus de valeur que ce que son échange (à sa valeur propre) implique, générant une plus-value.

L’accumulation (la reproduction élargie) du capital par transformation (partielle ou totale) de la plus-value en un capital additionnel. La plus-value ne sert qu’en petite partie de revenu personnel des capitalistes, la plus grande part est transformée en un capital additionnel, nourrissant ainsi l’accumulation du capital. Les capitalistes se trouvent contraints à cette accumulation par leur frénésie de gain qui en fait des « personnifications » du capital comme « valeur en procès » (valeur se conservant et s’accroissant en une incessante circulation de marchandises et d’argent) ; par la concurrence qu’ils se mènent réciproquement (l’accumulation est orientée vers l’obtention de gains de productivité permettant la réalisation plus ou moins durable de surprofit) ; enfin par les luttes des travailleurs salariés contre leur exploitation (l’augmentation de la productivité du travail est la manière capitaliste de répliquer à la lutte pour la réduction du temps de travail et l’augmentation des salaires réels).

Alain Bihr

Corrélats : Esclavage ; Rapports sociaux de classe ; Rapports sociaux de production ; Servage.