Daily Shoah, The : podcast et émission de radio phare de l’Alt-Right* créés en 2014 et animés par Michael « Enoch »* et d’autres nationalistes blancs.
Daily Stormer : « Depuis sa création en juillet 2013, le Daily Stormer a bâti sa réputation dans le monde des partisans du “pouvoir blanc” en publiant des contenus choquants et vulgaires, fondés sur la misogynie, l’antisémitisme et le racisme, sous couvert d’humour [1]. » Site raciste le plus lu dans le monde en 2017, il a été obligé de passer progressivement dans le Dark Web suite à ses déclarations ignobles sur le meurtre d’une militante à Charlottesville, lors de la manifestation Unite the Right* en 2017.
Darré, Walther (1895-1953) : ingénieur agronome allemand, il sympathise d’abord avec le courant völkisch* (nationaliste-raciste). Ami d’Alfred Rosenberg, l’idéologue officiel du nazisme, il rejoint le Parti national-socialiste en 1930 et est nommé conseiller de Hitler aux questions agricoles. A cette époque, il existe une très étroite collaboration entre Heinrich Himmler, Reichsführer SS, donc chef suprême de la SS, et son subordonné, l’Obergruppenführer SS Darré, en charge du Bureau central de la race et du peuplement à partir de 1931, organisme qui joue un rôle central dans la politique raciale nazie. De l’été 1933 jusqu’en 1942, Darré sera le « Führer des paysans du Reich » et aussi ministre de l’Approvisionnement et de l’Agriculture, avant de tomber en disgrâce.
De Benoist, Alain (1950-) : De Benoist est d’abord, dans les années 1960, « un néo-fasciste classique opposé au communisme, qui défend l’apartheid et soutient la guerre impérialiste américaine au Vietnam. [...] De Benoist préfère abandonner le racisme biologique et les théories du complot de l’extrême-droite au profit d’une approche plus intellectuelle [...] il fonde le groupe de réflexion GRECE (Groupement de recherche et d’études pour la civilisation européenne) en 1968. [...] De Benoist préconise de mener une guerre idéologique pour influencer la culture de masse comme fondement du changement politique, une théorie appelée “métapolitique*”. [...] Son évolution idéologue est également marquée par un glissement vers l’hostilité au christianisme, qui selon lui aurait “colonisé” les Indo-Européens par la force, et le soutien à une renaissance du polythéisme européen préchrétien, qui fait écho à Julius Evola*. Cette évolution s’accompagne d’un anti-américanisme croissant [...]. Il s’oppose au capitalisme de marché, s’appropriant les critiques de gauche du libéralisme en le décriant comme une idéologie réduisant chaque aspect de la vie humaine à une valeur purement économique, produisant ainsi une société de consommation totalisante et inéluctablement totalitaire. [...] De Benoist en est venu à considérer l’impérialisme américain et la démocratie libérale comme plus dangereux que le communisme soviétique, écrivant “Mieux vaut porter le casque d’un soldat de l’Armée rouge que de vivre d’un régime de hamburgers à Brooklyn” en 1982 (ce qui sera repris en 2017 par Richard Spencer, figure de proue du mouvement fasciste américain de l’ “Alt-Right”), soutenant les luttes du tiers-monde tout en condamnant l’OTAN et votant pour le Parti communiste aux élections françaises de 1984. [...] De Benoist affirme qu’il est hors du spectre gauche-droite et soutient “un monde pluriel fondé sur la diversité des cultures” contre un “monde unidimensionnel”. Ce concept, appelé “ethnopluralisme*”, signifie que De Benoist est passé de la position d’un suprémaciste blanc à un partisan des identités ethniques et culturelles distinctes et du régionalisme contre ce qu’il considère comme un “marché mondial homogénéisant” [...]. Ce concept d’“ethnopluralisme” fera son chemin dans les milieux d’extrême droite, Jean-Marie Le Pen le réutilisant dans ses déclarations xénophobes et les néofascistes l’adoptant pour “adoucir” leur rhétorique raciste [2]. » Dans sa revue Eléments Alain de Benoist met en pratique, dans le champ intellectuel, l’union de tous les nationalistes de gauche et de droite qu’il peut racoler.
décentralisme (decentralism en anglais) : ce terme n’est pas tout fait synonyme de décentralisation (ni même de « localisme », terme utilisé par l’extrême droite française), ainsi que l’explique un « libertarien » (donc procapitaliste) : « La droite s’identifiera à la résistance décentraliste face à l’État interventionniste et à la croissance et au pouvoir des bureaucraties de l’exécutif ; elle mettra l’accent sur le décentralisme et le respect de la souveraineté des petites unités politiques. La gauche appréciera également l’accent mis par les décentralisateurs sur les mérites du localisme, notamment en matière de durabilité économique et environnementale, ainsi que l’opposition de principe à la domination de la politique et de la culture par les grandes entreprises [3]. » On comprend, dans un tel contexte, les raisons des chevauchements idéologiques entre la droite et la gauche.
De plus, cette notion de « décentralisme » résonne très fortement dans la mémoire historique des Américains [4] : les « braves gens » un peu ou très racistes, qui regrettent le « bon temps » du Sud confédéré ; les gestionnaires des grands centres financiers régionaux et rivaux (New York, Cleveland, Chicago, San Francisco, Los Angeles et Houston) qui se battent constamment entre eux pour conserver ou gagner l’hégémonie au sein de la classe dirigeante américaine ; les patrons qui, pendant des décennies finançaient des milices privées et des forces de police directement à leur service, au niveau local ; les Rangers de l’Arizona, du Texas et de Californie qui terrorisaient les Mexicains au XIXe siècle ; les groupes locaux du Ku Klux Klan qui ont sévi jusqu’aux années 1930 ; le fait que, jusqu’au début du XXe siècle, une seule entreprise dominait toute l’économie et la politique locale dans des milliers de villes ; le mouvement alt-right du Tea Party qui se développa après la crise financière de 2008, alt-right etc. L’idéologie du « décentralisme », de l’hostilité à toute intervention de l’État fédéral, a connu récemment un renouveau, non seulement à l’extrême droite mais aussi dans le Parti républicain, notamment sous Obama, et bien sûr sous Trump.
Devi, Savitri (1905-1982) : essayiste et militante française (de son vrai nom Maximiani Portas), favorable à l’indépendance de l’Inde, et nazie convaincue dès la fin des années 1920. Pendant la seconde guerre mondiale, elle travaille pour les services secrets allemands et pour le nationaliste indien pro-japonais Subhas Chandra Bose. Elle défend après-guerre une idéologie mélangeant « aryanisme ésotérique » (?!), écologie « radicale » et hindouisme, et affirme que Hitler aurait été une réincarnation du dieu Vishnou ! Elle rencontre de nombreux dirigeants nazis dans différents pays d’Europe, puis en Argentine et au Moyen-Orient après 1945.
Donovan, Jack [5] (1974-) : conférencier et auteur américain, violemment misogyne, influent dans l’extrême droite et la « manosphère* » anglosaxonnes, trois de ses livres ont été traduits en français. Ses idées ont contribué à créer un climat favorable au harcèlement, voire au meurtre de plusieurs femmes aux Etats-Unis. Il considère que les hommes doivent se regrouper en bandes, pour développer leur « masculinité » ; devenir de véritables guerriers (des « barbares », selon sa propre expression et le titre d’un de ses livres traduits en français : Devenir barbares) ; créer « des “zones autonomes” pour eux-mêmes et les femmes blanches, où les femmes “ne seraient pas autorisées à gouverner ou à prendre part à la vie politique” » ; et combattre la « domestication » (?) que les femmes imposeraient aux pauvres hommes sans défense ! Ces bandes « feraient respecter les lignes de démarcation raciales, car, comme le dit Donovan, les Blancs ont “des valeurs [et] des cultures radicalement différentes” des autres peuples, et “la loyauté exige la préférence. Elle exige la discrimination” ».
Il est par ailleurs homosexuel tout en luttant contre l’idéologie LGBT dominante actuelle, ce qui l’amène à prôner une interprétation très personnelle de l’androphilie*. Il joue sur plusieurs tableaux puisqu’il anime une section Cascadia* et influence les Wolves of Vinland*. Son militantisme fasciste gay lui a également permis de rentabiliser financièrement son image de macho chauve, « magnifiquement musclé [6] », qui « dégage vraiment beaucoup de sexe [7] », et à vendre une « ligne de T-shirts et de protège-poignets portant des inscriptions telles que BARBARIAN et une série de livres qui cherchent à instruire les hommes hétérosexuels et homosexuels sur la manière de devenir plus masculins et, en particulier, plus “violents” [8] ». Et cette violence ne se limite pas à des fessées coquines, comme il l’a expliqué à des fascistes allemands en 2017 : « La capacité à utiliser efficacement la violence est la plus grande valeur des maîtres. [...] C’est la valeur première de ceux qui créent l’ordre, qui créent des mondes. La violence est une valeur en or. La violence règne. La violence n’est pas mauvaise – elle est élémentaire [9]. »
Douguine, Alexandre [10] (1962-) : docteur en sciences politiques et en sociologie, il travaille comme éditeur, rédacteur en chef et journaliste dans différents médias. Il voyage beaucoup ce qui lui permet de rencontrer des idéologues fascistes européens aussi différents que Jean Thiriart, Alain de Benoist et Claudio Mutti. Ses références intellectuelles sont, pêle-mêle : René Guenon, Carl Schmitt*, Julius Evola*, Ernst Niekisch*, Arthur Moeller van den Bruck*, etc., auteurs qui le distinguent, sur certains points, de la Nouvelle Droite, mais confortent ses positions racistes, antisémites et totalitaires. Comme l’écrivait Marlène Laruelle en 2001, un an après l’arrivée de Poutine au pouvoir : « Après avoir longuement milité dans les mouvances "national-bolcheviques" opposées à la politique eltsinienne, Dugin [...] se présente dorénavant comme le conseiller de l’ombre du nouveau pouvoir. Il espère ainsi offrir à Vladimir Poutine une idéologie constituée lui permettant de s’affirmer sur la scène internationale et de promouvoir, en Russie même, un nouveau mode de gestion des conflits entre Russes et minorités ou centre et périphérie censé éviter l’implosion de la Fédération. [...] Dugin connaît un succès certain parmi la jeune génération et révèle le manque de références identitaires de la Russie post-soviétique : la mode occultiste, un rejet de l’idéologie communiste mais non de l’expérience soviétique, une sensibilité panorthodoxe accentuée par les événements dans les Balkans ainsi qu’un discours anhistorique sur la grandeur de la Russie ne peuvent qu’attirer. Outre son discours géopolitique redonnant à la Russie un rôle de superpuissance mondiale, Dugin est à la tête d’une tentative de réhabilitation historique du fascisme plus subtile et discrète que celle des nouveaux groupuscules paramilitaires russes : il en modernise le fondamentalisme, le sens de la hiérarchie et de la guerre, renouvelle la triangulaire Allemagne-Russie-Japon et présuppose l’incommensurabilité des cultures et leur inévitable conflictualité. [...] Ses ouvrages, notamment celui de géopolitique (1997), sont devenus des classiques de l’université russe dans des disciplines comme les sciences politiques, la géopolitique ou la culturologie. [...] même si Dugin n’a pas vraiment de parti politique propre, il influence discrètement le discours de nombre d’hommes politiques et surtout banalise une conception fascisante de la Russie. Dugin conçoit en effet des “idéologies” pour de nombreux hommes politiques russes [...], pour des militaires de haut rang ainsi que pour l’institut de recherches stratégiques de Moscou. Il propose à la nouvelle Russie une certaine vision de la politique internationale dont 1’isolationnisme ne fait que camoufler un projet d’expansion et de conquête. » Ces lignes écrites il y a plus de vingt ans n’ont pas pris une ride, même si apparemment Douguine serait aujourd’hui moins proche de Poutine qu’au début du XXIe siècle. Il est en contact étroit avec les séparatistes prorusses du Donbass et de Louhansk depuis au moins 2014 et a soutenu avec enthousiasme l’invasion de l’Ukraine en 2022, tout en prônant son annexion. Enfin, on ne sera pas étonné d’apprendre que des fascistes français comme Jean-Marie Le Pen, Alain Soral ou Christian Bouchet entretiennent des relations amicales avec lui.
Duke, David (1950-) : ancien dirigeant du Ku Klux Klan, militant raciste et antisémite, il a été député à la Chambre des représentants de Louisiane de 1989 à 1993, et candidat malheureux à diverses élections depuis lors, sous les couleurs du Parti républicain. Au nom de la « liberté et de la diversité humaine », il utilise un vocabulaire proche de celui de l’extrême gauche : en effet, il dénonce le « sionisme mondialiste », les « médias inféodés aux sionistes », la « corruption politique sioniste », les « banques internationales criminelles », les guerres d’Irak, le « génocide palestinien » et même « l’impérialisme ». (Mais il corrige le tir aussitôt en précisant que les peuples et toutes les religions sont impérialistes à un moment de leur histoire !) Il combine des propos « radicaux » avec un discours d’extrême droite, puisqu’il compare « l’immigration de masse » à une « colonisation » et à un « crime contre les droits humains ». Duke défend des idées antisémites sur le contrôle juif de la Réserve fédérale et du système bancaire, et a soutenu le mouvement Occupy Wall Street [11]