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Encyclopédie anarchiste
« La pensée libertaire constitue l’espoir et la chance des derniers hommes libres » Camus
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Article mis en ligne le 4 juillet 2022
dernière modification le 25 juin 2022

Nation of Islam (NOI) : cette organisation sectaire, à la fois religieuse et politique, qui prône la supériorité des Noirs sur les Blancs a été fondée en 1930 par un certain Wallace Fahr Muhammad, mystérieusement disparu en 1934. Elijah Muhammad (1897-1975) fut pendant des années le principal dirigeant de ce groupe et développa des analyses racistes et antisémites et eut plusieurs rencontres et alliances temporaires avec les dirigeants du Ku Klux Klan. Après sa mort, son fils prit la direction de l’organisation mais des divergences très importantes apparurent. La NOI (Nation of Islam) actuelle, même si elle porte le même nom, est une tendance dissidente créée par Louis Farrakhan en 1978 et qui a considérablement prospéré sur le plan économique et financier (boulangeries, restaurants, cosmétiques, etc.). Elle a repris les mêmes thèmes idéologiques, y compris l’éloge de Hitler, comme un « grand homme » qui a « relevé l’Allemagne à partir de rien [1] ». Dans les années 1980, la NOI entretenait d’excellents rapports avec le British National Front*, parti d’extrême droite qui présentait Louis Farrakhan comme « un envoyé de Dieu pour toutes les races et les cultures » et est même allé jusqu’à distribuer des tracts en soutien à la NOI. En 1988, des représentants du British National Front purent visiter une mosquée de la NOI à Washington, afin de découvrir les programmes anti-drogue de l’organisation. Sous Trump, Farrakhan s’est distingué (lors d’une interview avec Alex Jones, conspirationniste d’extrême droite) en affirmant que le magnat immobilier devenu président avait eu raison d’interdire l’entrée du territoire américain aux citoyens originaires de certains pays dits « musulmans » parce qu’ils détestaient avec raison les Etats-Unis pour leurs crimes [2].

National Policy Institute : think tank nationaliste blanc* fondé en 2005 et dirigé par Richard Spencer* depuis 2011. « Le National Policy Institute [...] a joué un rôle central dans la facilitation de l’activité des nationalistes blancs, en particulier dans la première moitié de l’ère Trump. Ses conférences ont rassemblé une vague plus jeune de suprémacistes blancs ainsi que des extrémistes plus âgés et mieux établis [3]. »

National Revolutionary Faction (NRF) : groupe néonazi créé par Troy Southgate* et qui tenta d’infiltrer le mouvement de défense des animaux, et les mouvements écologistes au Royaume Uni. Comme l’écrit G. D. Macklin, « En soi, la NRF n’a jamais été une force politique significative. Son intérêt réside dans l’étude de cas qu’elle fournit sur le fascisme en tant que phénomène amorphe et en constante métamorphose. Il est symptomatique de la nature transitoire des groupuscules d’extrême-droite [4]. » Et il ajoute : « le fascisme groupusculaire représente un danger évident, en particulier pour les sous-cultures écologiques dont les valeurs sont profondément différentes de l’agenda écologique évoqué par l’extrême droite. La capacité croissante des groupuscules comme la NRF à absorber et à refléter les causes environnementales et de gauche, en réfractant sans effort leurs préoccupations concernant la mondialisation et la démocratie libérale à travers leur propre cadre antisémite et raciste, crée un dangereux amalgame entre l’écologie et l’idéologie anti-immigrés comme moyen de restaurer “l’équilibre organique” de la nature. [...] les mouvements anarchistes, écologistes et de justice globale doivent rester sur leurs gardes afin de s’assurer que la révolution ne sera pas national-bolchévisée [5]. »

national-anarchisme : cette idéologie relève d’un fascisme hybride, proche de la Troisième Position*, développé par l’ex-membre du National Front* britannique Troy Southgate* et des militants américains qui se prétendent « anti-système » comme Keith Preston*. Ils prônent la destruction fasciste classique de l’État et de la société et la renaissance de communautés tribales ethniquement homogènes. Selon Spencer Sunshine, « Les nationaux-anarchistes ont des adhérents en Australie, en Grande-Bretagne, aux États-Unis et dans toute l’Europe continentale, et font à leur tour partie d’une tendance plus large de fascistes qui s’approprient des éléments de la gauche radicale. Comme les “nationalistes autonomes” en Allemagne et le fascisme intellectuel de la Nouvelle Droite européenne, les nationaux-anarchistes s’approprient des idées et des symboles de gauche et les utilisent pour masquer leurs valeurs fascistes fondamentales. Les nationaux-anarchistes, par exemple, dénoncent l’État centralisé, le capitalisme et la mondialisation, mais ils cherchent à établir à la place un système de villages ethniquement purs [6]. »

Préconisant « l’entrisme », ils veulent infiltrer toutes sortes d’associations, de mouvements, d’institutions ou de groupes politiques, soit pour y semer la confusion soit pour recruter. Pour éviter le look skinhead, ils portent des sweatshirts et des bandanas, ou se vêtent tout en noir dans les manifestations comme les « antifas ». « Les nationaux-anarchistes prônent un système décentralisé d’enclaves “tribales” fondé sur “le droit de toutes les races, ethnies et groupes culturels à s’organiser et à vivre séparément”. Les nationaux-anarchistes critiquent l’étatisme de gauche et de droite, y compris le fascisme classique, mais ils participent à des réseaux néonazis tels que Stormfront.org et promeuvent des théories du complot anti-juives dignes des Protocoles des Sages de Sion. L’anti-étatisme est un élément clé de l’attrait du national-anarchisme et l’aide à détourner l’accusation de fascisme [7]. »

Nationalisme blanc [8] (voir aussi suprémacisme blanc) : aux Etats-Unis le « white nationalism » couvre un éventail d’autant plus large que ce terme est un peu moins marqué que celui de suprémacisme blanc et peut être adopté, comme façade plus respectable, par des groupes aussi divers que le Ku Klux Klan, les néo-confédérés, les néo-nazis, les skinheads racistes, les tribalistes, l’Identité chrétienne, l’Alt-right, etc. Les nationalistes blancs s’appuient moins sur des arguments ouvertement racistes (biologiques comme les suprémacistes blancs) que sur des arguments civilisationnels (la culture des Blancs serait menacée et il faut la préserver, mais les non-Blancs peuvent et doivent aussi défendre leur culture... dans leurs pays d’origine). Les groupes américains les plus extrémistes (plus d’un millier), certains étant plus antisémites ont été recensés sur un site [9]. Les nationalistes et les suprémacistes blancs se construisent une bulle hermétique dans laquelle ils n’interagissent qu’avec des individus qui pensent comme eux, lisent les mêmes médias, participent aux mêmes événements, soutiennent financièrement les mêmes groupes, etc. Ils utilisent des concepts spécifiques qu’ils « passent beaucoup de temps à définir ainsi qu’à les diffuser dans la société en essayant de les insérer dans les médias de masse [10] ». Les « nationalistes blancs et les suprémacistes blancs comprennent que leur cause n’est pas largement populaire et qu’ils perdent les batailles d’idées [...] ; « cela les pousse à essayer de faire passer leurs idées en contrebande dans le discours politique dominant en exploitant des compagnons de route et des politiciens opportunistes. Récemment, le mouvement a connu un succès notable, notamment auprès des politiciens américains et européens qui exploitent la peur à des fins électorales [11] ».

nativisme (et néo-nativisme) : cette idéologie politique considère que « les personnes nées dans un pays sont plus importantes que les immigrés », mais elle rend surtout « les immigrés » responsables de la plupart des problèmes économiques et sociaux que traverse une ville, une région ou un pays. Mais comme peu d’États, sur cette planète, ont une population « ethniquement pure » depuis des générations, cette idéologie amène ses tenants à bricoler sans cesse de nouvelles définitions xénophobes, racistes et/ou antisémites, voire à viser d’autres catégories d’« étrangers » : sans domicile fixe, prostituées, criminels, handicapés mentaux, indigents, illettrés, militants révolutionnaires, etc. « En 1875, la législation interdit aux prostituées et aux criminels de pénétrer sur le sol américain. À partir de 1896, des législateurs déposèrent des projets de loi pour empêcher que les illettrés ne puissent entrer aux États-Unis. Ces projets de loi furent adoptés à plusieurs reprises par le Congrès mais le président y opposa son véto. En 1917, à la veille de l’entrée de l’Amérique dans la première guerre mondiale, le Congrès adopta un projet de loi sur l’analphabétisme auquel le président Woodrow Wilson s’opposa, mais le Congrès annula son véto. En réponse à l’assassinat du président William McKinley par un anarchiste, le Congrès fit voter une loi interdisant l’entrée du territoire aux anarchistes en 1903. Quatre ans plus tard, en 1907, cette interdiction s’étendit aux personnes dont les déficiences physiques ou mentales les empêchaient de gagner leur vie [12]. ». Il existe des organisations nativistes depuis plus d’un siècle aux Etats-Unis : « Fondée en 1887, l’American Protective Association cherchait à déjouer les prétendues conspirations catholiques et organisait des boycotts de marchands catholiques. L’Immigration Restriction League fut fondée à Boston, au Massachusetts, en 1894 pour limiter l’immigration au moyen d’un test d’alphabétisation qui obligeait les immigrants âgés de plus de seize ans à savoir lire et écrire dans n’importe quelle langue. Ce test fut finalement adopté en 1917. Par ailleurs, le tristement célèbre Ku Klux Klan, qui bénéficia d’un nouvel élan en 1915, voyait les catholiques et les Juifs en particulier comme une menace pour le mode de vie américain [13]. » Ce nativisme (voire même aujourd’hui ce néo-nativisme [14]) peut commencer à s’exercer au niveau local, puisqu’aux Etats-Unis les « communautés » (municipalités et comtés) ont beaucoup plus de prérogatives en matière administrative, financière, éducative, sanitaire, etc. Et il ne s’agit pas d’une idéologie soutenus par quelques groupuscules, puisque au moins une centaine de sénateurs sont mobilisés pour cette cause !

On notera que, en France, après avoir été dissous, une partie des anciens du groupe Génération Identitaire ont créé « Les Natifs ». Qu’il soit anglosaxon, germanophone, néerlandophone ou francophone, le nativisme est donc bien l’un des nombreux masques de l’extrême droite et du néofascisme.

Naylor, Thomas (1936-2012) : économiste et professeur américain, entrepreneur et consultant, il intervient dans tous les grands médias américains pendant des décennies. Il crée en 2003 la Second Vermont Republic* (Deuxième République du Vermont) qui attire toutes sortes de groupes nationalistes blancs, hostiles aux impôts et aux guerres extérieures des Etats-Unis, et favorables à ce que leurs États fassent sécession de « l’Empire » (traduire du gouvernement fédéral). Parmi ces individus ou groupes on trouve aussi bien D.W. Livingston* (fondateur de l’Abbeville Institute*) ; les suprémacistes blancs de la League of South* (qualifiés par Naylor d’ « anti-impérialistes » !) et des intellectuels de la... Ligue du Nord italienne (Naylor était favorable à l’indépendance des petites nations). Deux livres de cet auteur ont été publiés en français, comme le signale la notice Wikipedia dans cette langue, qui tait ses opinions politiques réactionnaires.

«  Neoreaction  » (au sens anglaxon et non français [15])  : petit courant d’idées très hétéroclite qui a alimenté l’alt-right en idées baroques sur les réseaux sociaux. Farouchement favorable au capitalisme mais en même hostile à l’intervention de l’Etat et à la démocratie bourgeoise parlementaire. Ses modèles revendiqués sont des régimes autoritaires comme ceux des « dragons asiatiques » (Singapour, Taiwan, Hong Kong, Corée du Sud sous la dictature militaire). Dans leurs écrits, les « néoréactionnaires » anglosaxons peuvent dresser l’éloge du féodalisme, de la monarchie absolue ou du transhumanisme.

Niekisch, Ernst (1889-1967) : instituteur, il milite dans la social-démocratie allemande de 1917 à 1926, mais est fasciné par le rôle historique fondamental de l’Etat et par le nationalisme, selon Louis Dupeux [16]. Ce tropisme national-étatiste permet sans doute d’expliquer son attirance pour les idées völkisch et celles de la révolution conservatrice après 1926 ; ses amitiés avec des intellectuels nationalistes anticommunistes (Ernst Jünger et Carl Schmitt) ; son interprétation néo-romantique du national-bolchevisme au début des années 1930 ; ses tentatives ratées de créer un courant nationaliste-révolutionnaire fort qui puisse coopérer avec le KPD pour lutter contre le Traité de Versailles et contre la France pour redresser l’Allemagne ; son antijudaïsme qui prétendait se distinguer de l’antisémitisme de Hitler, etc. Arrêté par la Gestapo en 1937, il réapparaît en 1945 en tant que membre du Parti communiste est-allemand et intellectuel au service du régime stalinien, pour finalement passer en Allemagne de l’Ouest après la répression du soulèvement ouvrier de 1953. Son héritage nationaliste et rouge-brun est réclamé autant par la Nouvelle Droite que par des groupes fascistes européens ou américains.

Northwest Forum : ce forum s’est fixé pour objectif de célébrer les centenaires des nationalistes blancs, racistes et antisémites américains les plus célèbres, notamment Francis Parker Jockey [17] (auteur antisémite et pronazi) et George Lincoln Rockwell (fondateur du parti nazi américain, négationniste, source d’inspiration pour le suprémaciste blanc William Pierce*, le « grand sorcier » du Ku Klux Klan David Duke*, et de nombreux autres membres des mouvements nationalistes et suprémacistes blancs).

NrX : voir « Neoreaction ».